Tommy Kha se photographie en train de recevoir un baiser d’étrangers, d’amis, d’amants et de connaissances – et de ne pas le rendre. Hemya Moran approche les individus dans la rue, puis met en scène des moments privés dans leurs chambres, salles de bains et arrière-cours, et Jamie Diamond crée des «photos de famille» mises en scène avec des personnes qu’elle trouve sur Craigslist. Joy Mckinney touche 74 inconnus dans les rues de New York, et George Ferrandi pose sa tête sur des inconnus dans le métro. Explorez ces histoires et plus encore dans ce guide pour photographier des étrangers.
« L’intimité peut-elle être concoctée en quelques instants ou cela prend-il des années ? Hemya Moran joue avec les idées de communion et de relations dans sa série Intimes étrangers. Abordant des individus dans la rue, Moran leur a demandé d’avoir une « connaissance intime avec elle ». Ils ont ensuite mis en scène ces moments privés dans un court échange, résultant en une série qui semble à la fois contre nature et surréaliste familière. Le spectateur doit deviner la relation, quitte à s’interroger sur l’origine et la véracité de chaque mise en scène.
« À première vue, les portraits de famille du photographe new-yorkais Jamie Diamond sont assez convaincants dans leur conventionnalité – des visages souriants installant un cliché classique, prêt pour le mur. Pourtant, ils sont en fait mis en scène, et les sujets étrangers. Diamond recrute les faux membres de sa famille en public et sur Craigslist, leur demandant de le rencontrer dans des chambres d’hôtel louées où il construit des familles artificielles pour la caméra. Le travail qui en résulte explore l’image publique de la famille, les thèmes de la vérité photographique, le genre, la classe et la culture.
« Je choisis des personnes à photographier sans distinction de sexe, de race et de classe, et j’interagis consciemment avec mon environnement. Le travail est une exploration de mon histoire et des façons dont j’ai été gardé et choisi pour ne pas parler aux étrangers. Je veux explorer aller à l’encontre de ce que je croyais être socialement correct. Je veux traduire ma nature compatissante et ce que je ressens pour les gens que je rencontre, l’espace que nous partageons tous ensemble tant sur le plan social qu’environnemental. –Joy McKinney
Mi-performance, mi-projet photographique, c’était comme si je te connaissais explore l’espace entre deux inconnus dans un métro bondé. L’artiste basé à Brooklyn George Ferrandi voit cet espace comme un complexe composé de normes sociétales, de peurs personnelles et de solitude. Pour tenter de briser ces barrières entre étrangers, elle attend le moment où il y a un changement palpable d’énergie, où l’espace rigide et gardé entre deux personnes est remodelé. Elle pose ensuite doucement sa tête sur l’épaule de cette personne pour voir ce qui se passe ensuite.
« Le photographe Tommy Kha ne vous rendra pas son baiser. Dans son projet, Retourner à l’expéditeur, Kha se documente en train de recevoir un baiser d’étrangers, d’amis, d’amants et de connaissances, et de ne pas le rendre. A quoi devons-nous ce plaisir visuel et cet inconfort physique ? Ces images des yeux perplexes et ouverts de Kha tandis que son corps malléable est pris, touché et saisi au gré d’un autre évoque un amalgame d’émotions, dont la moindre est notre propre inconfort.
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