Élue républicaine de Géorgie depuis 2021, Marjorie Taylor Greene s’est imposée comme l’une des figures les plus polarisantes de la politique américaine contemporaine. Connue pour ses prises de position extrêmes, son attachement inébranlable à Donald Trump et ses déclarations complotistes, elle incarne une droite radicale qui ne recule devant aucune provocation.

Aujourd’hui, elle se retrouve au cœur d’un nouveau scandale. Des soupçons de délit d’initié pèsent sur elle après une série d’achats boursiers particulièrement bien synchronisés avec la pause de la guerre commerciale de Donald Trump. L’affaire relance le débat sur l’éthique des élus américains.

Une ascension politique au cœur de la droite trumpiste

Élue pour la première fois à la Chambre des représentants en 2020, Marjorie Taylor Greene s’est rapidement fait remarquer, non pas pour sa législation, mais pour ses coups d’éclat. Soutenue par la base trumpiste, elle a su capter l’attention médiatique en exploitant la polarisation politique croissante aux États-Unis. Réélue en 2022 puis en 2024, elle représente un district très conservateur de Géorgie où ses idées trouvent une audience favorable.

Greene est l’une des alliées les plus fidèles de Donald Trump au Congrès. Elle ne cesse de clamer, malgré les preuves contraires, que « Trump a gagné en 2020 ! » et appuie sans relâche les thèses de la fraude électorale. Cette loyauté inconditionnelle est réciproque : Trump la soutient publiquement, et leur alliance politique semble reposer autant sur une stratégie électorale que sur une vision commune, nationaliste et provocatrice.

Une figure de la radicalité conservatrice

Marjorie Taylor Greene lutte contre l’avortement, le contrôle des armes à feu et toute politique écologique. Sur le terrain migratoire, elle milite pour une fermeture totale des frontières et adhère à la théorie du grand remplacement, selon laquelle l’immigration menacerait l’identité et les ressources des Américains « de souche », répétant encore et toujours que les “aliens” viennent aux États-Unis pour voler des emplois et les places des enfants dans les écoles.

Greene est aussi connue pour ses affinités avec les théories du complot. Elle a affirmé dans un poste Facebook, depuis supprimé, que les incendies en Californie pourraient avoir été causés par des « rayons laser juifs » venus de l’espace. Elle a mis en doute les attentats du 11 Septembre, affirmé que des fusillades dans des écoles avaient été mises en scène, et soutenu des rumeurs selon lesquelles les Clinton seraient impliqués dans la mort de JFK.

Dans une idéologie toujours plus provocatrice, Greene a refusé de répondre à des journalistes britanniques, au motif qu’ils ne sont « pas américains ». Elle s’en est aussi prise au pape François, qu’elle accuse d’être manipulé par Satan pour avoir défendu la cause des migrants : « Satan contrôle l’Église. Celle-ci ne fait pas son travail », a-t-elle lancé.

Lors de la pandémie de Covid-19, elle a comparé le port du masque sanitaire à la persécution des Juifs pendant l’Holocauste – une comparaison largement condamnée mais assumée par l’élue. Elle a comparé Joe Biden à Hitler, ajoutant à sa longue liste de déclarations outrancières. Même au sein du Parti républicain, elle fait polémique. Le sénateur du Kentucky Mitch McConnell, chef du groupe républicain au Sénat, l’a qualifiée de « cancer » du parti, dénonçant ses « mensonges délirants et théories conspirationnistes ».

Le scandale financier : soupçons de délit d’initié

Entre le 8 et le 9 avril, Marjorie Taylor Greene a acheté pour un montant compris entre 21 000 et 315 000 dollars d’actions, tout en revendant entre 50 000 et 100 000 dollars de bons du Trésor. La temporalité de ces transactions soulève des questions, car le 9 avril, Donald Trump annonçait une pause inattendue sur une série de tarifs douaniers, faisant aussitôt bondir les marchés.

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Les achats de Greene ont été réalisés juste avant l’annonce de Trump – une décision qui a provoqué une forte hausse boursière. Le même jour, Trump écrivait sur ses réseaux sociaux : « C’est un excellent moment pour acheter ! », quelques heures avant son annonce officielle. Ce type de coïncidence rappelle d’autres affaires de soupçons de délit d’initié au sein du Congrès, notamment pendant la pandémie. Greene, quant à elle, affirme qu’un conseiller financier s’occupe de ses investissements et qu’elle n’intervient pas dans les décisions. Une défense qui laisse sceptiques nombre d’observateurs.

Face à ces soupçons, les démocrates réclament l’ouverture d’une enquête indépendante pour déterminer s’il y a eu usage d’informations confidentielles à des fins personnelles. La sénatrice Elizabeth Warren, figure majeure de l’aile progressiste, milite depuis longtemps pour une loi interdisant aux élus d’investir en Bourse. Selon elle : « Les Américains ne devraient pas avoir à se demander si les décisions prises à Washington visent à enrichir les responsables politiques ou à servir l’intérêt du peuple. »