Une enquête pour viol et homicide a été ouverte à Paris après le meurtre de la jeune étudiante Philippine, dont le suspect, interpellé mardi 24 septembre en Suisse, est un Marocain visé par une obligation de quitter le territoire. Le profil du suspect – âgé de 22 ans et déjà condamné pour viol – en instance d’expulsion a suscité de vives réactions, notamment à l’extrême droite où certains ont évoqué un « prédateur importé ».

Des réactions vivement critiquées par Sandrine Rousseau, députée écologiste, qui accuse le Rassemblement national d’une « récupération » politique. « Ce féminicide mérite d’être jugé et puni sévèrement. L’extrême droite va tenter d’en profiter pour répandre sa haine raciste et xénophobe », a-t-elle écrit sur X mercredi 25 septembre. Des propos qu’elle a justifiés au micro de France Inter jeudi matin. « J’ai commencé en disant que c’était un féminicide et qu’il fallait le punir sévèrement. Mais je suis inquiète par le fait que l’extrême droite utilise des faits divers comme ça pour en faire un sujet de société », a-t-elle expliqué.

« Quand j’entends que le sujet, c’est l’OQTF, je m’inquiète que nous n’ayons pas une espèce de considération sur le fait que ce type est dangereux […] et que, s’il avait été dans un autre pays, il aurait mis tout autant en danger d’autres femmes », précise-t-elle.

« Le procès de Mazan n’émeut pas l’extrême droite »

Après la mort de Philippine, retrouvée enterrée au bois de Boulogne, plusieurs responsables politiques, de droite comme de gauche, ont mis en cause « la chaîne pénale et administrative », jugeant que le suspect n’aurait pas dû être libéré avant l’obtention du laissez-passer permettant son expulsion vers le Maroc. Des personnalités de l’extrême droite y ont aussi fait un lien avec l’immigration. « Quel est l’intérêt de garder chez nous un étranger qui viole nos lois et agresse nos enfants ? » a notamment questionné le porte-parole du Rassemblement national, Laurent Jacobelli, sur son compte X.

« Il y a quelques mois, on a arrêté en France un des dix plus grands pédocriminels du monde. Il s’appelait Mathieu, il était proche de Bordeaux. Pour autant, ça n’a pas du tout ému l’extrême droite. […] La question des femmes se résout à dire et porter le message que les femmes sont en danger à cause des immigrés, à cause des personnes sous OQTF, ce qui n’est pas vrai », a déploré Sandrine Rousseau.

À LIRE AUSSI Meurtre de Philippine : l’effrayant mais ordinaire parcours du suspect L’élue écologiste a également cité le procès dans l’affaire des viols de Mazan, qui, selon elle, « n’émeut pas l’extrême droite ». Depuis quatre semaines, Dominique Pelicot est jugé, avec une cinquantaine de personnes, devant la cour criminelle du Vaucluse pour avoir drogué son épouse pendant dix ans, pour la violer et lui faire subir des viols par des dizaines d’hommes recrutés sur Internet.